Julian Rosefeldt aux Beaux-Arts de Paris

Le manifeste Dada Tristan Tzara 1918, le manifeste des peintres suprématistes et non-objectifs Alexandr Rodtchenko 1919, le Draft Manifesto John Reed Club of New York 1932, le manifeste situationniste Guy Debord 1960, suprématisme, constructivisme, dadaïsme, surréalisme, pop Art, minimalisme, Fluxus, situationnisme, futurisme, expressionnisme abstrait, créationnisme, combien d’entre nous les ont lus ? Notre époque est celle de l’audiovisuel, de la communication immédiate, en temps réel, pas le temps de théoriser, d’établir des dogmes, l’information se transmet par les réseaux sociaux, l’art aussi circule beaucoup par le net, informations, nouvelles, courants, tout doit aller vite, je ne sais plus quel magazine, Vanity Fair je crois, informe le lecteur du temps qu’il lui faudra pour lire un article, 6 minutes, 10 minutes, pas plus si on veut avoir une chance d’être lu.
Voilà donc le subterfuge de l’artiste pour nous contraindre à approcher ce qu’il considère sans doute comme des marqueurs de notre temps, des textes essentiels, représentatifs de l’histoire de l’art, de l’histoire des idées de notre temps, et qu’on ne peut ignorer, nom de Dieu ! Cate Blanchett  est  l’appât idéal pour nous initier à ces fondamentaux.  Son pouvoir hypnotique est indubitable, derrière la gentille enseignante à la voix suave, la mère de famille ou la présentatrice du journal télévisé se cache une grande prêtresse aux pouvoirs surnaturels chargée de nous inculquer ces morceaux d’anthologie  de gré ou de force : 13 monologues,  superposés en strates qui s’impriment  de manière subliminale dans notre cortex. Vous ne sortirez de là qu’après avoir écouté, subjugués, chacun de ces textes, de ces mots d’ordre qui ont quelque chose à vous dire encore aujourd’hui malgré l’âge canonique de certains d’entre eux.