Le néon est une forme d’expression liée au monde de la publicité, à la signalisation, à l’information surdimensionnée des panneaux lumineux, des lumières clignotantes, clinquantes, des messages géants qui défilent sur les bandes de lectures multicolores, ce n’est pas le moyen le plus discret pour faire passer un message. Même lorsqu’il s’agit d’un message poétique, toute la contradiction est là, le tube fluorescent s’impose plutôt comme un mot d’ordre, comme un message au ton quelque peu péremptoire. Je pense à la phrase au néon bleu de Mario Merz, « Se la forma scompare, la sua radice è eterna » écrite si je peux m’exprimer ainsi, sur le mur du jardin du Guggenheim à Venise, à présent à moitié cachée par la végétation. Ou encore aux mots, aux phrases de Joseph Kosuth qui parsèment la façade de la Fondation Querini Stampalia. « Forms from water (waves) / Forme dell’Acqua (onde), Forms from Earth (crystals) / Forme della Terra (cristalli), Organic forms (shells) / forme organiche (conchiglie), Forms from Air (clouds) /Forme dell’Aria (nuvole) etc. tous ces mots pleins de sens qui viennent surenchérir sur le langage de l’architecture et de la forme même de Venise. Et puis il y a une pièce au néon blanc de l’artiste Jonathan Monk qui s’intitule Something contained rimoved, exposée actuellement jusqu’au 31 mars au Palazzo delle Zattere pour l’exposition de groupe « The Electric Comma ».
Deux parenthèses, une qui ouvre et une qui ferme, à l’intérieur desquelles aucun mot n’est écrit, laissant juste l’espace vacant. Les parenthèses de Monk sont comme le contre-pied de quelque chose, elles n’imposent rien, ne donnent rien à lire, ne nous révèlent rien d’intime que l’artiste aurait pu nous dire comme en aparté, faisant de nous un lecteur, un spectateur complice et complaisant. Son signe laissé là n’est que la trace  d’une modeste présence, de la position même de Monk, une infime intervention juste là pour créer un léger trouble, une interrogation à peine effleurée, juste un ralentissement de notre pas devant ces signes, les parenthèses de quoi ? quel est le mot, l’objet manquant ?