L’exposition qui est en ce moment au Centre Georges Pompidou jusqu’au 31 décembre, au moyen de maquettes, d’installations et de vidéos nous plonge dans le monde spécifique de Tadao Ando, architecte japonais du 20ème siècle. Son style essentiel s’inspire de celui de Le Corbusier. Les lignes simples, rigoureuses et minimalistes nous mettent face au vide qui contient l’être humain sans pour autant le terroriser. Les éléments sur lesquels il travaille sont la lumière, les arbres, la nature. Ils ne font pas seulement partie de l’environnement extérieur, mais ils deviennent indispensables pour l’architecture en elle-même. Le dehors devient le dedans et les deux notions s’annulent. Nous assistons à une interpénétration des deux dimensions produisant un troisième espace, c’est-à-dire un objet transitionnel.

Le terme introduit par Winnicott désigne un objet matériel qui a une valeur élective pour l’enfant. Il est un objet externe mais il est perçu comme partie de l’individu. Il contient donc les deux éléments. C’est à partir de cette conceptualisation que le vide perd sa connotation effrayante et assume une valeur de chaleur et d’intimité.

Un exemple qui illustre ce phénomène est incarné par l’ « église de la Lumière » à Osaka. Elle est construite en utilisant des blocs rectangulaires de béton gris monochrome qui se croisent en laissant deux ouvertures : une verticale et une horizontale. Les deux fissures permettent à la lumière de rentrer dans la salle vide et de former une croix. C’est l’interpénétration des deux éléments – d’une part l’artificiel, le dedans et d’autre part le naturel, le dehors – qui permet la construction d’un objet architectural transitionnel qu’est l’église. C’est à ce stade que l’opposition entre ces deux sphères perd son sens et se prononce en faveur d’une nouvelle structure issue de cette rencontre. On entre donc dans un autre espace. Sans le dessin d’une croix lumineuse se formant à l’intérieur du bâtiment, rendu possible par l’élément extérieur, cette architecture aurait été privée de signification et on n’aurait pas pu l’appeler église. En créant cette illusion, l’objet atteint un idéal.