Hannah Höch, Assembled Worlds
exposition Belvedere Museum Vienne
Collages et photomontages
Curated by Martin Waldmeier
21 juin – 6 oct 2024
Exposition fort complète et excessivement intelligente pour la rétrospective de cette artiste allemande (1889-1978) qui a été une figure importante de l’avant-garde des années 20. La chronologie de l’exposition, de ses premiers photomontages/collages, sa période Dada, ses travaux avec Raoul Hausmann, jusqu’à ses dernières images plus directement axées sur la nature, nous donnent une juste vision du parcours de cette artiste incontournable.
Manipulatrice avisée, les images (des années 20-30-40 surtout) découpées, collées, désossées, décontextualisées, transfigurées, de Hannah Höch sont là et toujours bien là pour nous dessaisir du trop-plein d’images ringardes auto-engendrées par la cybernétique ambiante.
Avec peu de moyens, des ciseaux et de la colle, un fond d’images découpées dans les revues de l’époque, l’impact des images reste saisissant, déroutant, avec toujours en arrière-plan la question de la définition de la photographie, son pouvoir, ses limites, sa finalité, pourquoi on l’utilise, que veut-elle donc nous dire, nous prouver.
Comme dans toutes photographies qui se regardent on peut toujours se poser la question des références, références aux lieux, à l’histoire, des indices généralement visibles facilement repérables qui sont le garant et la signature d’un moment de notre histoire, publique, politique, intime. Disons, pour aller vite, qu’une image est chargée d’indices iconiques produisant de l’information.
Il en va autrement dans les travaux de Hanna Höch. Avec sa technique du montage-collage, les fragments d’images mis en jeu perdent, ou plutôt se libèrent de leur sens premier, le premier niveau de lecture dirons-nous.
La plupart des œuvres montrées dans cette exposition semblent en effet être détachées de leur propre représentations. La non-linéarité des fragments d’images mises ensemble sur un même plan coupe court à toutes représentations temporelles voire euclidiennes liées à une réalité vérifiable : efficace déconstruction du sens par un agencement nouveau des images entre elles, sens nouveau produit par les photomontages au profit d’une dénonciation, d’une situation politique délicate pour l’époque, mais pas seulement.
Se pose ici finalement la question de l’œuvre. Une œuvre informe sur quoi ? sur ce qu’elle représente ou bien sur ce qu’elle est ? est-elle irrémédiablement liée à un moment de notre histoire ? de notre vie ?
Je finirai par ce petit aparté, repéré sur un des cartels de l’exposition, traduit de l’anglais. Il me semblait intéressant d’en faire un parallèle avec les olympiades parisiennes récentes :
« L’entraînement physique fait fureur en Allemagne dans les années 1920. Des documentaires populaires tels que « Les chemins de la force et de la beauté » (1925) célèbrent l’idéal corporel « Natural » de la Grèce antique. Cependant, le sport était également utilisé pour poursuivre des objectifs politiques et idéologiques, tels que le renforcement du sentiment de cohésion nationale et la préparation à la guerre. Hannah Höch semble avoir été consciente de ce fil conducteur et ses montages dépeignent le sport comme un passe-temps ridicule et infantile. »