Définir l’art comme entité autonome me semble superfétatoire. Il s’ajoute nécessairement à quelque chose qui existe déjà, pour justement mettre en évidence, démontrer, dénoncer, démystifier ce qui existe (déjà !).
L’art s’infiltre et s’introduit subtilement dans les méandres de notre quotidien, pour le meilleur et pour le pire. Commençons avec le pire, cette info sur Exibart, journal italien online, d’une exposition à Palerme : Surf et Aquarelles, d’un certain Federico Capraro. Je n’ai rien contre le surf ni contre les aquarelles, mais faire exister les deux ensemble comme élément subjugant de l’art de notre temps me semble relever d’avantage de la bêtise qu’autre chose. Comme quoi les thématiques funs tout azimuth sont parfois déroutantes. Dans cette optique du n’importe quoi j’attends avec impatience l’exposition phare Poireaux et Scoubidou, ou que sais-je Ferrari et Fer à souder, ou Coucouche-panier et vidéo !

Un autre titre d’exposition qui ne manque pas de pistil à la fondation Fiorucci à Venise, avec To love and devour, (aimer et dévorer) de l’artiste géorgienne Tolia Astakhishvili. La didascalie sonne comme un nez au milieu de la figure. C’est vrai que ça déchire pas mal comme titre, et l’aspect cannibaliste je t’aime je t’engloutis nous transporte c’est sûr vers des profondeurs inestimables ! 

Sur un autre plan, Ibride Festival des arts intermédiares à Forli, petiteville proche de Bologne, toujours en Italie. La thématique de cette dixième édition s’intitule Multitudine (multitude). Mais qu’est-ce donc que cette histoire d’intermédiaires ? pourquoi l’art serait-il un intermédiaire, un intermédiaire entre quoi et quoi ? Et pourquoi noyer le poisson en mettant en avant la multitude comme une excuse pour dire que l’art est un champ suffisamment vaste pour s’amuser avec ! Dixit les gloires coutumières pour la mise en bouche avec Gary Hill, Robert Cahen, Regina José Galindo etc. toutes ces gentilles personnes élues pour la circonstance par un jury fantoche dont j’éviterai de citer les noms. Peut-être juste un certain Balbi directeur du Mambo de Bologne systématiquement invité à pas mal de jurys de sélections d’artistes en italie. Un job comme un autre disons…

Je préfère de loin le kiosque à journeaux en plein centre de Rome transformé en espace pour l’art contemporain. Point de titre ronflant juste des oeuvres en vitrine pour signaler qu’il se passe quelque chose de différent.
J’aime aussi le langage sans détour d’un collectionneur d’art contemporain (Laurent Asscher) qui vient d’ouvrir un nouveau lieu à Venise, Ama Venezia :
i have amazing contemporary art of gestual painting, and amazing art where a human hand has not touched it. Le geste et le non-geste, la place du faire, du non-faire, du faire-faire dans les oeuvres d’artistes qu’il collectionne, comme Rudolf Stingel, Elisabeth Peyton, David Hammons, Wade Guyton, et même Jeff Koons, ben tiens il a bien sa place ici avec cette étonnante sculpture au nom tape-à-l’oeil et souverain Hulk !