Texte à rallonge. Ventre mou.

Il faut lâcher prise mais en conscience. Non ! Lâcher tout et surtout la conscience !

L’effort concentre à son profit l’énergie. Peu à peu le rythme, les muscles, la répétition des mouvements pour à la fois avancer et se maintenir en surface, suffisent à occuper l’esprit.

Les nœuds sont partout, nuque, dos, lombes, au creux du ventre, les délier un à un, briser les résistances. A trop tenir on craque. Est-il possible de rester vide un moment, pour souffler un peu ? Il faut trouver la soupape qui permet l’expir, la brèche par laquelle l’air s’échappe. Trouver la vague qui emporte tout et laisse las.

La fatigue du corps fixe les idées et arrête leur course folle. Les mots fixent les pensées en en déterminant les contours saillants, ceux qui se distinguent du fond de sauce que chacun concocte et ressasse. L’art a-t-il pour fonction de susciter ces reliefs ? Permet-il d’introduire quelques pics et dépressions dans le magma général de l’activité cérébrale ? En oriente t’il le cours en le stabilisant en cercles concentriques autour d’une manifestation sensible ? Est-il, pour le critique, une distraction dont l’intérêt provoque, au mieux, un précipité solide et cohérent de mots subtils ?

Un dépôt prend ainsi forme de lettres, de signes, dans un ordre bien assemblés, que la page ramène à la surface. Mais qu’en est-il du reste ? Du bouillon informe ? Du flux permanent  qui amasse et se poursuit, riche, épais, confus ?

 

L’écriture a-t-elle intérêt à parler d’art ? L’art peut bien se suffire à lui-même !

Et s’il n’était plus d’intention définie, plus de support, ni d’objectif…

Plus de prétexte au texte…

 

La phrase ne mène plus les mots en promenade, elle leur a lâché la main… Ils s’éparpillent sans dessin ni dessein.

Totale débandade !