Abraham Pointcheval,
PIERRE, 2017, performance, sculpture
Paris, Palais de Tokyo

la vie en autarcie,
l’enfermement,
la perte progressive des sens,
ce sont des moyens pour lui d’explorer le monde et la nature humaine.

 

Ma rencontre avec A.P, un dialogue engagé au travers de la pierre :

Je me souviens avoir déambulé autour du bloc calcaire longtemps, faisant des allées et venues entre la pierre éclairée et l’écran TV bleuté,
avant de :

  1. toucher la pierre,
  2. tenter d’apercevoir A.P. par la jonction des deux blocs, qui laissait entrevoir – sombre – des cheveux s’agiter,
  3. émettre un « Allo? » hésitant,

    les mains moites et le cœur palpitant légèrement plus vite qu’à son habitude, j’ignorais s’il m’entendait et/ou me voyait ?
  4. entendre A.P.,

– Oui… salut !
– Bonjour, je m’appelle Auriane…
– …

Je ne me souviens plus très bien ce qu’il m’a répondu à ce moment-là… Il fallait coller son oreille sur la pierre pour entendre sa voix – plus ou moins étouffée –   et approcher son visage à la jonction des pierres pour qu’il puisse m’entendre.

– Ça va ? vous n’avez pas trop chaud ni trop froid ?

je souriais, je ne savais pas quoi lui dire exactement, j’étais curieuse.

– Non, tout va bien !

sa voix était calme, détendue, joviale même. Il m’a semblé aller bien !

– Vous n’avez pas faim ou soif ?
– Non j’ai tout ce dont j’ai besoin.
– Ah d’accord ! Je n’ai pas encore lu le texte…

J’y vais, je lis. Je retourne « voir » A.P.

– Vous pouvez nous voir ?
– Non !
– Vous ne vous ennuyez pas trop ?
– Non, absolument pas !
– Donc tout va bien ? !
– Oui !
– Il vous reste combien de jours ?
– Encore trois jours !
– Bon ok… ben… Bon courage ! … Au revoir !
– Merci ! Au revoir ! »