Spectacle Moving in concert au Centre Pompidou pensé par la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen. 9 novembre 2019.

Sur conseil de Pim Enveert je suis allé voir ce spectacle de danse contemporaine qui m’a donné à réfléchir. A peine les lumières s’éteignent-elles dans la salle qu’une pluie de corpuscules sombres tombe uniformément sur la scène (des lentilles noires), résonnant dans l’espace comme un bruit de chute d’eau, qui persiste en fond sonore pendant toute la durée du spectacle et qui renvoie à une idée d’écoulement sans fin. Des danseurs apparaissent sur scène, uniformément vêtus d’une combinaison orange, et commencent à manier des tubes de néon aux couleurs qui varient au cours des différentes opérations, du blanc au rouge.

Sous nos yeux les danseurs apparaissent et disparaissent en fonction des réverbères des néons, s’exécutent dans une vaste panoplie de grands mouvements et de contorsions, courent en cercle sur scène, et enfin, pendant disons les 20 dernières minutes du spectacle, commencent à tournoyer sur eux-mêmes comme des toupies jusqu’à nous en donner la migraine.

Pendant cette sorte de gymnastique améliorée, les tubes de néon sont manipulés par les danseurs de telle sorte qu’ils forment des figures géométriques irrégulières, des lignes brisées, des cercles en évolution constante.

Certes l’idée de la chorégraphe n’est pas mauvaise : suggérer une analogie avec notre société technologique actuelle où « tout doit être fluide, connecté », donner « une image d’un monde sans frottement, où tout glisse », dit-elle dans la brochure. Cette lecture politique et esthétique est très louable mais finalement affaiblie par toute une gestuelle maniérée et sophistiquée, accentuée par les clair-obscur très savants des néons qui confèrent à la scène une allure théâtrale et emphatique. Par moments quand les néons deviennent d’un rouge éclatant dans le noir ambiant on a plutôt l’impression d’assister à une scène de Star Wars où des Jedi s’entraineraient au sabre-laser.

Ne voilà-t-il pas que les installations minimales d’un Dan Flavin, sobrement réalisées avec de simples néons blancs, se mettent à voltiger dans tous les sens, maniées par des performeurs dont les exploits d’endurance physique sont irréfutables autant que (peut-être) excessifs.