Mettre en exposition l’architecture peut paraitre excessif et paradoxal puisque l’architecture en soi s’expose par elle-même, elle en est finalement le parangon incontournable de nos vies.
La version 2023 de la Biennale d’architecture de Venise n’apporte pas plus que les éditions précédentes, peut-être encore moins. Son titre redondant Time Space Existence aurait tendance à noyer le poisson. N’importe quel quidam saura que l’architecture a à voir naturellement avec le Temps et l’Espace, l’Existence découlera de la façon dont seront utilisés ces temps et ces espaces. A part quelques mises au point liées à la colonisation de la culture africaine avec une vidéo très explicite proposée très justement par le pavillon du Ghana, les autres propositions « d’expositions » n’incitent nullement à s’intéresser plus que ça à cette nouvelle biennale. Je trouve que le pavillon français ne s’en tire pas si mal, puisque cet espace d’accueil proposé à l’intérieur du pavillon relate bien de cette histoire bien actuelle des problèmes d’identités, ici deux drag-queen ont été « employées » pour la bonne cause pour souligner l’espace ambivalent du pavillon français, à la fois espace de fiction et espace de transit. Le spectacle vivant (chants, danses, travestissements) proposé par les deux drag-queen redonne un air de jouvence à ce pavillon rigide parfois, le petit côté festif genre boite de nuit en plein jour souligne fort justement ces évènements temporaires et illusoires que sont les Biennales en général. Le pavillon allemand aussi tire bien les ficelles de son jeu transformant son espace en dépôt de matériel de construction, la ville de Venise étant constamment l’objet de restructurations en tous genres, les palais de la renaissance refaisant souvent peau neuve sous des allures d’hôtels ou de magasins de luxe. Comme quoi l’architecture vénitienne est un balcon ouvert à tous les débordements et à toutes les magouilles imaginables. Cette transformation de Venise en un supermarché touristique serait un thème intéressant à proposer pour une prochaine biennale, en tout bien tout honneur chère famille Benetton !