Voici un extrait de l’allocution du philosophe Giorgio Agamben traduit de l’italien lors de l’audition au Sénat qui s’est tenue au Palazzo Madama à Turin le 7 décembre dernier au sujet de l’obligation vaccinale.
« Je voudrais rappeler aux parlementaires une déclaration de principe connue sous le nom de Code de Nuremberg. Nous sommes en 1947 au moment où se déroulent à Nuremberg les procès aux médecins qui pendant le nazisme s’étaient rendus coupables de graves crimes en effectuant des expériences sur des détenus dans les camps de concentration, expériences ayant parfois entrainé la mort, obéissant jusqu’à des conséquences extrêmes, à la politique eugénique du régime. Et c’est à cette occasion que la Cour devant les excès évidents du pouvoir médical jugea nécessaire de formuler une déclaration sur les principes éthiques et juridiques visant à établir des règles sur le rapport entre médecins et sujets humains. Et c’est ce que nous appelons aujourd’hui le Code de Nuremberg. La déclaration affirme que le consentement du sujet humain est absolument essentiel et que pour consentir, celui-ci doit être laissé libre de décider, je cite « sans intervention de quelque élément de force, de fraude, de contrainte, de supercherie, de duperie ou d’autres formes de contraintes ou de coercition.
Je me demande si nous sommes aujourd’hui face à ce consentement total et volontaire. Pourquoi ai-je évoqué cette déclaration ? parce que je crois qu’aujourd’hui plus que jamais il est nécessaire de comprendre que médecine et politique doivent être clairement distinctes et que des raisons scientifiques ne peuvent être évoquées pour justifier des mesures qui sont par leur nature nécessairement politiques. Je pense que nous devrions nous rappeler que le premier exemple d’une législation où un état est intervenu de façon péremptoire sur la santé des citoyens, et bien cet exemple était la loi sur la protection du peuple allemand concernant les maladies héréditaires qu’Hitler fit approuver en 1933 à peine arrivé au pouvoir. Cette loi entraina la formation de commissions médicales spéciales qui décidèrent la stérilisation forcée de 400.000 personnes.
La médecine a le devoir de soigner les malades selon les principes que le serment d’Hippocrate définit de manière irrévocable et qui sont aujourd’hui transgressés sur des points essentiels. Comme vous pouvez l’imaginer, lorsque la médecine conclut un pacte nécessairement ambigu et indéfini avec les gouvernements, et se place subrepticement en position de législateur, non seulement cela ne profite pas à la santé des individus mais cela peut conduire et conduit de fait, à des restrictions inacceptables des libertés, face auxquelles les raisons médicales offrent le prétexte idéal pour un contrôle sans précédent de nos vies. Voici la question que je pose : Est-il acceptable que pour une maladie dont le taux de mortalité est de 0,2% selon les chiffres à peine présentés par le Professeur Palù*, est-il acceptable dis-je, pour une maladie qui représente 0,2% de mortalité, que tout un pays soit bouleversé, terrorisé, entravé dans ses libertés de mouvements, de travail etc. […] »
* Giorgio Palù, Virologue
Traduction Miko Mikado